L'économie collaborative : qu'est-ce que c'est ?
Date
- 22.03.21
L'entraide : Un modèle social d'économie
Éviter le gaspillage alimentaire, proposer des cours de bricolage contre des cours de cuisine, prêter son véhicule ou son habitat inutilisé, livrer des marchandises, covoiturer, cultiver dans des jardins partagés, ces différentes actions font partie de ce que l’on appelle « l’économie collaborative ». Novatrice dans ses fondamentaux économiques, elle est en train de révolutionner les secteurs dans lesquels elle s’implante.
Participer à l'économie collaborative, c'est devenir "commoner"
Les principes de ce système d’échange ne datent pas d’hier. Né dans les campagnes anglaises au début du Moyen-Âge, on désignait, par le terme de « commoner », les personnes titulaires de droits collectifs sur des terres communes, en raison de leur résidence ou du fait qu’elles détiennent des propriétés foncières. On parlait alors de communs, des parcelles partagées, gérées et maintenues par la communauté villageoise. Ces organisations établissaient des règles dans le but de préserver et pérenniser leurs ressources tout en fournissant la possibilité et le droit de les utiliser par tous. Aujourd’hui, ce modèle de partage, facilitant les échanges et réduisant les coûts, est en plein essor. Il est porté par des travailleurs associés, à l’image des AMAP (groupement pour le maintien d’une agriculture paysanne), des producteurs de logiciels libre ou de chauffeurs à bas coûts.
Mutation du marché du travail
Cette alternative au capitalisme libéral est en train de transformer les marchés sur lesquels elle s’installe. En effet, les secteurs de la location, du transport voir de l’alimentaire sont en pleine mutation. Il y a une rupture des règles sociales établies, des notions traditionnelles du travail, de hiérarchie, les rapports de force entre employeur et employé se modifient, la notion de propriété des moyens de production est totalement repensée, le salariat laisse place à l’auto-entreprenariat.
Équilibre entre collaboratif et lucratif
Dans ce nouveau mode de fonctionnement, la démarche doit avant tout être collaborative puisqu’en effet, par son activité, on partage des savoirs, savoir-vivre, savoir-faire, connaissances. Il faut en priorité préserver la dynamique sociale sans basculer vers un enrichissement abusif ou une concurrence déloyale. Par exemple, en 2015, avec l’affaire Uber Pop et les chauffeurs de taxi, l’État français avait dû se résoudre à rendre illégal les pratiques de ce service de transport. A partir du moment où la logique d’amortissement des frais de l’utilisateur n’est plus respectée, on ne rentre plus dans un modèle collaboratif mais lucratif, tel qu’il est déjà présent dans nos sociétés modernes capitalistiques.
Vers un modèle plus juste
Il serait juste que les membres des communautés de partage puissent se rémunérer convenablement car il est encore difficile de se dégager un salaire décent. Pour le moment, le profit est mal réparti. Les start-ups les plus emblématiques mettent en avant leur rôle social qu’elles jouent dans une économie en crise, où l’emploi disparait et le chômage monte, mais elles sont avant tout d’énormes business s’appropriant la valeur créée par la classe populaire des commoners. Ces néo-multinationales ne laissent finalement que des miettes à une multitude d’individus, pendant qu’elles, s’enrichissent seules.

Solidarité et bienveillance
Cette polarisation de la richesse a donc permis la croissance fulgurante de start-up comme UBER, Airbnb ou BlaBlaCar mais a aussi développé la précarité avec la multiplication des micro-travail ou travail semi amateur. La crise sanitaire risque d’accentuer ce déséquilibre, sans compter que régulièrement, dès qu’un problème social se pose, l’État appel à la responsabilité collective. Si nos contributions par l’impôt pour une protection financière et social ne suffisent plus, c’est donc à la solidarité et à la bienveillance de prendre le relais. Ainsi, l’économie participative en plein essor est pour nous tous une opportunité. Elle a encore beaucoup de choses à nous apporter et doit s’imposer malgré les dérives. Consommons dans ce sens et multiplions les initiatives collaboratives pour nous assurer des lendemains meilleurs.